Un enfant, un tuteur extérieur à sa famille

(de naissance ou chargée de) – ou une association de protection de l’enfance. Les cas graves pris en charge par la collectivité

Un enfant qui naît est un être SANS DEFENSE, d’une très grande faiblesse. Souvent, très souvent, l’enfant qui naît est protégé et par sa mère, par l’amour maternel, mais aussi par l’affection de son père, ou du compagnon de sa mère, ou de la compagne de sa mère. Parce que l’évidence, c’est que les préférences affectives et sexuelles d’un adulte, hétérosexuelles ou homosexuelles, n’induisent aucune qualité ni aucun défaut, à priori, dans la manière dont, ils, elles, s’occupent des enfants. Les bourreaux des enfants sont, majoritairement, des hommes, mais il y a aussi des femmes, et parfois des homosexuels aussi. Et le fait d’appartenir à une classe sociale « privilégiée » n’induit aucune protection, garantie et supérieure, par comparaison avec les enfants des familles modestes ou pauvres. On constate même plus d’expressions affectueuses dans ces familles que dans les familles plus aisées, où des conventions sociales, des « codes » peuvent imposer aux enfants de la distance, voire de l’indifférence. Hélas, des enfants sont victimes d’adultes malfaisants, qu’ils le soient momentanément, très momentanément ou à l’inverse, en permanence. En France, chaque jour, deux enfants décèdent de la maltraitance. 22% des citoyens en France déclarent avoir été victimes de maltraitances – physiques, sexuelles et psychologiques – au cours de leur enfance (source : sondage Harris-L’Enfant Bleu 2017). 45% suspectent au moins un cas de maltraitance dans leur environnement immédiat – familles, voisins, collègues, amis proches – (source : sondage Harris-L’Enfant Bleu 2014). 2 millions de Français, soit 3% de la population, déclarent avoir été victimes d’inceste (Enquête IPSOS pour l’association Internationale des victimes de l’inceste, AIVI). 86,8% des maltraitances sont intrafamiliales (Source : ONED 2006).

Dans le texte cité ci-dessous (1), son auteure conclut par « Finalement, dans notre pays, l’enfant reste le seul être vivant qu’on a le droit de frapper ; la maltraitance des personnes âgées et/ou handicapées est très mal perçue, de même que la cruauté envers les animaux, et les adultes victimes de violence sont à même de porter plainte, contrairement aux enfants pour lesquels, de surcroît, certaines formes de violence auraient des vertus pédagogiques. Cette attitude est l’objet du blâme répété du Conseil de l’Europe quant à l’inexistence d’une loi proscrivant les châtiments corporels des enfants. Cette situation doit changer, tout d’abord par une reconnaissance de la maltraitance selon deux approches complémentaires : celle de la satisfaction (ou non) des besoins fondamentaux de l’enfant, qui ouvre la réflexion sur la prévention primaire (dépistage le plus précoce possible des facteurs de risque et reconnaissance du danger avant la survenue de la maltraitance elle-même), celle d’une pathologie chronique grave, approche plus parlante pour le corps médical et pour le public.Une meilleure connaissance de l’ampleur du problème est par ailleurs absolument nécessaire (fréquence de la maltraitance, causes et poids pour la société) pour mettre au point des politiques efficaces et rationnelles ; seule cette connaissance permet de dégager les fonds nécessaires et de créer des postes dans les disciplines appropriées. L’existence de chiffres fiables permet aussi de développer des indicateurs de suivi et d’évaluation des politiques. La formation des divers professionnels au contact des jeunes enfants doit être sensiblement renforcée et proposée à des publics pluriprofessionnels. Enfin, il importe de réfléchir, plus en amont encore de la reproduction, à l’éducation à la parentalité au niveau du collège. L’éducation à la sexualité est effective (dans les textes, moins dans la pratique) dans les collèges et lycées et il serait judicieux de lui adjoindre une formation sur les relations affectives et ce que c’est qu’être parent. » Le problème, c’est que les conclusions de son propos, certes généreuses, restent très insuffisantes. Ces actes de maltraitance sont des violences, et la plupart du temps, ce sont des violences qui échappent à la perception de tous, ou de quasiment tous, toutes. Une éducation à la parentalité serait, sera, un atout. Mais dans le cadre d’une cellule familiale, le risque existera toujours, par le fait que ce qui se passe échappe à la perception de vous. C’est ce que nous appelons la « vie privée ». Faut-il priver les citoyens de vie privée ? Par exemple, en filmant ce qui se passe dans les familles ? On comprend bien qu’une telle « politique » serait effrayante, tout à fait parfaite pour un pouvoir démesuré et dangereux. Mais il faut pouvoir savoir, rapidement, si un(e) enfant est en danger, et ne pas attendre des mois, ou qu’un appel téléphonique sollicite la venue de professionnels de la santé pour constater le décès d’un(e) enfant. Comment faire alors ? Chaque enfant qui naît est, actuellement, exclusivement relié à sa famille de naissance ou de gestion (pour les enfants placés). Il faut donc qu’il puisse y avoir un regard extérieur, régulier, sur le devenir de chaque enfant. Il faut donc trouver dans la population « désoeuvrée » (retraités, individus sans enfants, personnes sans emploi), un tuteur, ou une tutrice, nommée officiellement pour suivre chaque enfant. Il ne s’agit pas que ces personnes aient le droit de fouiller dans la vie des gens, mais seulement de voir et d’entendre les enfants au cours de leur développement. De fait, de telles personnes existent : dans la famille; à proximité du domicile des parents et des enfants; avec les professionnels de l’Education. De fait. Mais ces personnes n’existent pas EN DROIT. Et un enfant est officiellement relié à ses seuls parents, ou tuteurs. Il s’agirait donc de permettre l’existence d’un Tiers, capable d’avoir un regard extérieur, et capable d’alerter à temps, si… Parce que le problème, c’est que, bien souvent, il n’y a pas d’alertes du tout, ou trop tardives. Et pendant ce temps, les dégâts physiques et/ou psychiques peuvent être profonds, voire, irréversibles. Sans compter que des enfants maltraités sont susceptibles de devenir également ou des parents maltraitants (il n’y a pas de lien de causalité systématique), ou des adultes violents. Il y a donc un devoir de, réelle, protection. Que les actuels, seuls et rares, professionnels, « de l’enfance » et de la « justice » ne parviennent pas à faire, sans compter les cas où ils contribuent eux-mêmes aux problèmes (centres défaillants, avec des adultes violents, juges qui ne connaissent pas les dossiers, ne comprennent pas les personnes et prennent des décisions en dépit du bon sens). Qui pour prendre en charge l’étude des cas graves, difficiles ou problématiques ? L’Institution judiciaire en France est sous-dotée, débordée, avec des décisions principalement juridiques (évidemment importantes). S’il n’est pas possible de faire absolument sans, il faudrait décharger la Justice d’une part du travail de suivi des cas, par une prise en charge collective, par un « conseil collectif des familles et des enfants » qui réunirait de nombreux citoyen(ne)s et des professionnels. Cela permettrait de remettre sur le droit chemin des individus, des familles, qui parfois, momentanément, peuvent dériver, et pour les cas les plus graves, l’institution judiciaire reste la seule à pouvoir décider, mais elle pourrait le faire avec l’appui de ce conseil. Le principe de cette réflexion et de ces propositions, est qu’il faut PROTEGER ABSOLUMENT LES ENFANTS CONTRE LES PREDATEURS ET LES VIOLENT(E)S, et ce, le plus tôt possible.

(1) Un extrait de : « La maltraitance envers les enfants » , par Anne Tursz.

« On peut faire de l’enfant une foule de choses dans les deux premières années de sa vie, le plier, disposer de lui, […] le corriger et le punir, sans qu’il arrive quoi que ce soit, sans que l’enfant se venge. Il n’empêche qu’il ne parvient à surmonter sans difficulté l’injustice qui lui a été faite qu’à la condition de pouvoir se défendre, autrement dit à la condition de pouvoir donner à sa souffrance et à sa colère une expression structurée. S’il lui est interdit de réagir, […], l’enfant apprend à se taire. Son mutisme garantit certes l’efficacité des principes d’éducation, mais il recouvre en outre les foyers d’infection de l’évolution ultérieure. » C’est en ces termes qu’Alice Miller décrit la véritable bombe à retardement qu’est un jeune enfant maltraité, dans son magnifique ouvrage C’est pour ton bien, paru en 1984 et récemment réédité en France (…) En effet, les conséquences de la maltraitance précoce sont d’autant plus fréquentes et d’autant plus redoutables qu’il existe une fragilité spécifique de l’enfant. Contrairement à l’adulte, qui est capable de relativiser et de comparer, donc de reconnaître d’autres personnes ayant subi les mêmes sévices que lui (torture, incarcération arbitraire, etc.), le petit enfant n’a aucun point de référence et aucune possibilité de partager son sentiment de révolte. Il est triplement livré à sa famille maltraitante : par les mauvais traitements eux-mêmes, par l’impossibilité d’en identifier le caractère anormal et par celle d’accuser les coupables. La situation est particulièrement aiguë chez le nourrisson, qui ne parle pas et se trouve généralement confiné au domicile. Exposé à un milieu familial nocif, il va développer de graves troubles dès ses premiers mois, troubles qui, sans intervention salvatrice, se répercuteront sur toute sa vie. »

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